Black Novel à propos d’Oliver Bottini

Quand on commence un roman d’un nouvel auteur, il y a forcément une phase d’adaptation à son style. Dans le cas d’Oliver Bottini, il faut savoir qu’il ne décrit jamais les lieux où évoluent ses personnages, il centre l’essentiel de ses actions sur ses personnages. De même, les dialogues sont réduits à leur plus simple expression, avec des réparties qui semblent incomplètes. Mais c’est aussi une façon de faire participer le lecteur, comme pour montrer que quand on parle, on discute beaucoup à demi-mot. Au début, c’est franchement déroutant ; puis au fur et à mesure, on se laisse prendre au jeu.

Car les qualités de cet auteur sont cette façon qu’il a de mener son intrigue. Il part d’un fait divers tout simple, et petit à petit, il rajoute sur la base de son gâteau une couche, puis une autre, puis une autre. Il ne s’encombre pas de fausses pistes, mais préfère plutôt creuser son sujet par couches successives. Et quand on veut montrer l’ampleur du trafic d’armes dans le monde, l’hypocrisie de nos politiques, la façon dont est organisé le meurtre des gens qui sont au dehors de nos frontières, ce procédé est redoutablement efficace. Rassurez-vous, je n’ai rien dévoilé de l’intrigue ! Mais sachez que Oliver Bottini aime secouer son lecteur, lui foutre des baffes pour que le propos entre bien dans sa petite tête lobotomisée de téléspectateur, qui s’abreuve de séries ou de films ineptes.

Évidemment, l’auteur ne propose pas de solution, il dénonce, il découvre, il montre ce qui se passe tous les jours. Loin d’être fait sur un ton fataliste, l’ensemble est tout de même bien pessimiste, à l‘image de son personnage principal, Louise, qui est l’autre énorme atout de ce roman. Elle est une ancienne alcoolique et revient d’une cure de désintoxication. Si Oliver Bottini passe beaucoup de temps à nous montrer son combat contre la rechute, il nous fait surtout partager sa souffrance, sans que cela soit trivial, évident, nunuche. J’ai adoré ce personnage, j’ai adoré ces moments où elle se retrouve dans son salon à regarder sa bouteille d’alcool sur la table du salon à se dire : « Pas aujourd’hui ». Pour faire une comparaison, j’ai trouvé dans ce personnage beaucoup de Malin Fors, le personnage de Mons Kallentoft. On y trouve aussi le regard que portent les autres, ses collègues, sur le retour de l’alcoolique au sein du service. Toutes ces scènes sont remarquables.

L’été des meurtriers, c’est la deuxième enquête de Louise Boni. Si on peut lire celle-ci sans avoir lu la précédente, je pense qu’il serait bien de lire Meurtre sous le signe du zen, avant d’attaquer celle-ci. Je ne l’ai pas fait et je pense que cela permettrait de s’imprégner plus facilement du service et des noms des collègues de Louise. Et ce que vous devez retenir, c’est que ce roman est d’une noirceur et d’un réalisme impressionnant. Et qu’à la fin, on a envie de crier : Courage Louise, j’arrive !

Ne ratez pas l’avis de Garoupe sur l’été des meurtriers ainsi que sur Meurtre sous le signe du zen

 

« Bottini s’exprime à travers des images recherchées, dans un langage clair et exempt de toute banalité, de tous clichés. […] Une alchimie entre roman littéraire et policier. » Badische Zeitung

Meutre sous le signe du zen : prix du Meilleur roman policier en Allemagne et prix du Polar de Radio Brême en 2007. Vendu à plus de 90 000 exemplaires et traduit dans cinq pays

voir aussi : https://garoupe.wordpress.com/2014/10/02/meurtre-sous-le-signe-du-zen-oliver-bottini-service-de-presse/